donderdag 3 december 2015

Echanges de Etty Mulder et Catherine Steinegger



Prix des muses pour Catherine Steinegger  1213

Echanges de Etty Mulder et Catherine Steinegger  1.
sur Pierre Boulez et le théâtre. De la Compagnie Renault Barrault à Patrice Chéreau; Mardaga 2012

Commentaire 1    07.07-2012                                                                      [update 15.03-2015]

Votre livre traite des grandes mises en scène modernistes dans lesquelles Pierre Boulez a joué un rôle important comme chef d’orchestre ainsi que compositeur.
Voilà que vous mettez en jeu une rélation assez complexe entre Pierre Boulez et l’idéologie changeante du théâtre au vingtième siècle, faisant état des mythes dans les développements politiques actuels soit de divers narratifs philosophiques et religieux.
Ces oeuvres modernistes ne traitent seulement des actions mais aussi, en sens historique et éthique de leur raison d’être même dans l’actualité culturelle. Les artistes collaborants dans ces productions modernistes se sont chargé’s d’ une responsabilité’s de se justifier pour ses interprétations “contre la tradition”.
      Vous avez écrit sur la réaction taciturne de Pierre Boulez à la mise en scène controversielle de Parsifal  de Christoph Schlingensief: “il [PB] a pour principe éthique de ne pas dire du mal des personnes con lesquelles il collabore .Cette situation contraste radicalement avec les célébrations du Centenaire du Ring, en 1976, lorsque Pierre Boulez était associé à Patrice Chéreau pour répondre aux protestations “.[p.278] On peut constater en effet que Pierre Boulez en géneral n’a pas d’ habitude de s’exprimer en détail sur les choix qui sont faits dans ces grandes mises en scènes dont il a fait partie comme chef d’orchestre.

Après l’exécution de La Maison des Mortes [juin 2007] à Amsterdam, j’ai eu un bref échange de vues avec Pierre Boulez sur la mise en scène. Vous écrivez: “Comme l’exprime  le décor de Richard Peduzzi à géometrie variable nous avons affaire à une eprison intemporelle qui est à la fois le Goulag et tous les camps du XXe siècle qui peut devenir presque abstrait.
Je me rapelle comment- exactement pendant les jours là-  nous avions au Pays  Bas une confrontation violente [qui a été intitulée dans les media comme “razzia”] des personnes “illégales” avec la police. Cette confrontation provoquait une sorte de “flash back” très émotionnelle dans la polulation d’Amsterdam aux déportations des juifs.
Pendant l’exécution de l’opéra de Janácek mes companes et moi ont discuté l’”impossibilité” d’ être assis dans la pluche rouge du théâtre vis an vis de ce lieu enscéné d’un camp abstrait, à peu près littéralement au coin du prison actuel des personnes illégales d’aujourd’hui chez nous. J’ai raconté à Pierre Boulez de cette gêne. Ce jour, comme il a ses opérations d’ oeil aussi aujourd’hui il  venait d’avoir une chirgurgie, il portait des lunettes contre le soleil pendant le déjeuner, et moi en face de lui ne pouvait pas voir ses yeux, [un peu comme cette photographie à la couverture de votre livre – homme beau, avec masque, énigmatique- ]. Il n’a pas réagi, il me semblait seulement un peu étonné.
Dans ce  contexte j’ ai aussi référé à Pierre Boulez la loi iconoclaste, imposé par Claude Lanzmann dans  son oeuvre cinématographique Shoah [1985] sur la mémoire des camps: [ne pas utiliser aucune image ou document historique]  ainsi que les solutions impressives de Peter Stein concernant le tabou de l’image dans Moses und Aron, réalisée avec sa [PB] contribution magistrale orchestrale.
J’ai voulu lui référer ces deux thèmes comme des stades irreversibles dans le travail de mémoire psychanalytique et comme une “datation” de l’imagerie littérale du traumatisme. J’avais l’impression que tout ca ne lui regardait pas aus sens vrai.
Il m’a répondu qu’à son avis toute sorte de référence  soit réprésentation des camps concentrationnaires à la scène serait “utile”… sans plus.
      Quelle est votre opinion sur cette  position réservée que prend  Pierre Boulez  face à ces aspects délicates des mises en scène?. Pensez vous qu’il veut séparer par cela l’acte théàtrale de la musique?. Ne se sent-il- pas responsable comme musicien?

.                   J’étais vraiment touché de lire dans votre livre la  passage sur l’importance de la choréographie du Sacre de Printemps de Pina Bausch. On ne peut pas assez soulinier la signification magistrale de cette oeuvre.
Vous avez totalement raison de mentionner  l’actualité du mythe de la culture patriarchale dans la Danse Sacrale de Pina Bausch. En effet la comparison avec Béjart donne beaucoup à penser. Je me rapelle d’avoir vu un vidéo [ qui je ne retrouve plus] avec PB et quelques copains viewing la danse sacrale  de Béjart, et spécialement les passages du fin. En particulier je me souviens la réaction de Pierre Boulez en regard de la fin.  A ce moment de la copula-collective  Boulez, encore jeune et aigu, exclame [je le circumscribe]:”voilà qu’il en a fait, tout ca n’a rien a faire avec la mort!. C’est l’amour qu’íl en a fait”. Il voulait dire : au fond cela est une interprétation incorrecte!
Pendant les années j’ai présenté l’interprétation de Pina Bausch, me dirigant sur sa solution géniale pour la fin du Sacre “solution pour l’impossibilité” d’exprimer la force et la violence de cette musique dans la force corporelle humaine. Ce que mène, presque toujours dans les choréographies [aussi chez Béjart} à l’accumulation comme fenomène [masculine]  en soi  .Pina Bausch au contraire fait arrêter  graduellement cette accumulation de son et de mouvements. Elle fait séparer des significations contraires des crescendo de la musique et de la danse. La troupe de ballet s’arrête jusqu’au moment ou l’élue doit exécuter ce rituel toute seule dans la force corporelle limitée d’une seule personne – à la mort. Alors la violence de la musique et de la scène peuvent “parler pour eux-mêmes”. Vous avez raison de combiner votre remarque sur Le Sacre de Pina Bausch avec vos passages sur Barbe Bleu et les difficulté’s de collaboration plus tard entre PB et PB…..
Mais n’avait elle pas déja ‘plus tôt choisi “le track” de la régistration Boulezienne  avec le Cleveland Orchestra [1969] pour la présation la plus commune et fameuse de sa choréographie avec son Tanztheater ? Je crois qu’on la trouve toujours sur l’internet en plusieurs versions…
Peut- être Pierre Boulez a-t-il compris Pina Bausch trés bien regardant ce qu’elle faisait avec son registration aux années soixante-dix?. Avant Barbe Bleu? Peut-être il l’a compris sur des niveaus plus profonds qu’il était capable d’expliquer….

Etty Mulder

 Réflexions sur le commentaire 1
Il m’a semblé, quand j’ai fait mes recherches sur les mises en scène auxquelles Pierre Boulez a collaboré, qu’il n’y avait pas de chef d’orchestre contemporain qui se soit autant confronté à l’avant-garde des metteurs en scène et que ce fait n’était pas le fruit du hasard, des circonstances,  mais une volonté bien établie de collaborer avec des metteurs en scène qui avaient une “réflexion profonde ”  sur le fait de présenter leur vision de l’oeuvre. Aussi bien le choix des oeuvres fondamentales du répertoire lyrique contemporain que celui des metteurs en scène.

Il est en effet surprenant que Pierre Boulez qui a l’habitude de dire ce qu’il pense et est connu pour ses propos parfois provocateurs  soit.resté solidaire de tous les metteurs en scène avec lesquels il a collaboré, notamment Schlingensief . Pierre Boulez, même s’il ne semblait pas convaincu par cette mise en scène ne l’a pas exprimé. Il semble que deux raisons peuvent expliquer cette attitude  1) il pense que l’artiste doit être libre de s’exprimer et que chaque oeuvre est une proposition.  2) il accorde à la mise en scène le même statut que n’importe quel art et considère que l’art théâtral a une grande importance, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de chefs d’orchestre.
Votre récit à propos de l’opéra de Janacek De la Maison des morts est passionnant mais ne m’étonne pas. Quand j’ai eu un entretien avec P.B., il m’a dit qu’un temps juste après les événements de 1968, il avait eu l’idée d’écrire une pièce basée sur les slogans des étudiants pendant les manifestations puis, qu’il y avait renoncé parce que c’était “trop daté. Cette attitude est symptômatique, il y a une volonté des dépasser les contigences de la politique ou des problèmes sociaux pour arriver à construire une oeuvre de musique “intemporelle”, dégagée du contexte politique d’une époque. Son manque de réaction quand vous lui avez parlé de Shoah de Claude Lanzmann ne m’étonne pas non plus. Je pense que sa position “réservée” comme vous l’écrivez est fondamentale dans son parcours. J’ai l’impression, mais c’est une pensée très personnelle, que son oeuvre ( compositions) compte plus que tout et qu’il  est détaché par rapport aux tragédies de la Seconde Guerre mondiale parce qu’il se méfie de tout ce qui est prise de position politique. C’est assez intéressant de voir qu’il a collaboré avec les gouvernements de droite ( conservateur) comme de gauche (progressiste) en France pour réussir à imposer  l’IRCAM, l’Ensemble Intecontemporain et la Cité de la musique à la Villette. Cela lui a d’ailleurs été reproché, je me souviens d’une réflexion de Jésus Aguila qui a écrit l’ouvrage sur le Domaine musical qui reprochait à Boulez de ne pas s’afficher comme un homme de gauche. La seule  prise de position politique de P.B., d’après ce que je sais , mais elle est de taille, c’est d’avoir signé le Manifeste des 121 en 1960 contre la guerre d’Algérie, contre l’attitude colonialiste de la France. Il fallait être courageux à l’époque pour le faire.  

 À propos de Pina Bausch et du Sacre du printemps je suis tout à fait d’accord avec vous, il est très clair qu’il y a une vision masculine (Béjart) et une vision féministe ( Bausch). Je pense que Pierre Boulez a été attiré par Pina Bausch parce qu’elle a créé une genre original et d’avant-garde à l’époque, le Tanztheater. Il me semble qu’il apprécie beaucoup la recherche d’un langage artistique original, mais il y a dans la genèse même de sa collaboration avec Pina Bausch pour Barbe-Bleue, un problème qui se révèlera important par la suite,  ce qu’il dit quand il lui propose de collaborer : il ne veut pas voir la musique découpée en morceaux , car un danseur passait des extraits sonores sur scène dans le ballet original. Cette utilisation de la musique de Bartok  choque Boulez, il le dit dans un entretien. Il me semble que Pierre Boulez connaissait ce qu’elle faisait dans les années soixante-dix et même plus tard il a, je pense, une réelle curiosité et il voulait tenter l’expérience, comme il l’a fait avec Bartabas, ce qui est étonnant dans son univers il a dit “qu’il n’avait pas l’âme animalière” mais l’univers de Bartabas l’intéresse, c’est exactement la même chose pour Pina Bausch, seulement la collaboration entre deux personnalités si affirmées n’est pas évidente, il me semble.

Catherine Steinegger .



[1] « Wagner, Boulez et la recherche de soi », entretien de Pierre Boulez avec Jean-Jacques Nattiez, in La Pensée de Pierre Boulez à travers ses écrits, Goldman Jonathan, Nattiez Jean-Jacques, Nicolas François, Sampzon, éditions Delatour France, 2010, p.258.
[2] Pierre Boulez, « Barbe-Bleue, Pina Bausch et moi », Le Nouvel Observateur, n° 2348, du 5 novembre.




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